Alors, pour faire un dessinateur de bédé…
Prenez un jeune Breton, de 1973, pas trop faisandé, et suffisamment concerné par les études pour remplir les marges de se cahiers de pâles copies de Lucky Luke© ou Cubitus©, plus ou moins bien réussies. Laissez le grandir (pas trop non plus, il ne s’agit pas de la recette du basketteur), en le nourrissant de journaux de Tintin et Spirou (à cette époque la date de péremption était encore acceptable).
Si le mélange opère de suite, vous obtiendrez immédiatement un auteur reconnu et adulé couvert d’argent, d’or et de diamants (pas de femmes, faut pas déconner non plus ce n’est pas la recette du guitariste ombrageux qui nous occupe là). Dans le cas de l’auteur de ces pages, malheureusement pétri de timidité et d’un énorme manque de confiance en soi (indispensable pour que la magie ne mette pas des années à opérer), la magie mettra des années à opérer (oui je me répète et alors ?).
Tenace, mais pas téméraire, l’auteur en herbe (en graine ? même pas, en idée de graine ?), entre aux beaux arts où il pense briller et convertir ces païens de professeurs à la lumière de la grande Déesse Bande Dessinée. Pari perdu, mais sortant de ces études après 5 ans et un diplôme en poche, il part trouffionner pendant un an (pour les plus jeunes : temps militaire où l’on apprenait le chant militaire, la marche militaire, la musique militaire, et l’obéissance sans bornes à la mère Patrie dont tout le monde se fout éperdument aujourd’hui et c’est tant mieux), bref, après avoir dilapidé 6 ans de sa vie, l’auteur obtient enfin son chômage.
Il se rapproche alors du chat, en dormant, mangeant, dormant, mangeant, sortant la nuit et dormant, mangeant le jour (et la nuit aussi).
Ensuite la vie passe son temps à lui coller des coups de pieds au fondement jusqu’à ce qu’enfin il rencontre Del, qui lui invente Katz et lui remet un coup de pied au fondement en lui disant d’envoyer ses dessins (plus ou moins réussis) à la rédaction de Spirou, et de cesser de rapporter des souris mortes à la maison (ce qui est sale).
Katz remporte un succès d’estime dans le journal, et sort tellement discrètement en albums si bien porté par une communication et un placement régional, qu’il disparaît petit à petit de la circulation (ce qui est préférable pour un chat qu’on ne souhaite pas voir écrasé).
La recette reprend lorsqu’un éditeur éclairé le fait rencontrer Midam, auteur également éclairé qui lui confie le dessin de la série Kid Paddle.
La suite on la connaît…